Référence bibliographique:
MAKOLO MUSWASWA Bertin, «Covid-19 : la colère de Dieu ou la folie de l’homme ?», Le Carrefour Congolais, 4, 2020, p.11-13
Poème
Combien de fois devrions-nous, mes frères,
Nous raser la tête pour pleurer les nôtres
Qui dans l’au-delà nous précèdent
D’un pas si pressé si surprenant ?
Ils sont jaunes, blancs, noirs ou rouges
Qu’importe la race sur le quai
Où siffle le train de la mort ?
Nous nous regardons les visages hagards.
A qui le tour demain, mes frères ?
Demain, mes sœurs, c’est déjà loin !
A qui le tour dans les secondes qui viennent ?
Quel tam-tam rythmera notre deuil ?
Regardez ici, mes frères,
Regarder là-bas, mes sœurs,
Les nôtres meurent en nombre comme les abeilles
Que les flammes ont surprises dans leur ruche.
Jetés dans des fosses communes,
Enveloppés dans des plastiques noirs,
Les nôtres n’ont pas de tombes
Sur lesquelles nous recueillir demain.
Nulle part n’a explosé la bombe atomique
Les cadavres des nôtres jonchent
La planète bleue qui danse, tourne et tournoie
Dans la ronde millénaire d’où nous sommes exclus.
A qui le tour demain, mes frères ?
Demain, mes sœurs, c’est déjà loin !
Les nôtres sont inhumés sans funérailles ni sépulture
Est-ce la colère de Dieu ou la folie de l’homme ?
Ô mes frères, ne me tenez pas par le bras
Ni par les hanches, mes chères sœurs !
Laissez-moi pleurer sous mon masque
En pleurant sur mon sort je déplore le vôtre.
Qu’elles rougissent simplement les yeux
Ou qu’elles coulent à torrent
Sur les joues caves ou rondes
Les larmes lavent et dessillent les yeux.
A présent je guette à l’horizon
La signature multicolore d’une autre alliance
Où le divin dans ce corps si putrescible
Ouvrira encore les voies de l’espérance.