Référence bibliographique:
KAYEMBE KATAYI Delphin, « Archéologie du vécu quotidien en République démocratique du Congo « Le peuple d’abord », de l’indépendance à l’ère de la mondialisation ?», in Le Carrefour Congolais, 2, 2019, p.29-56
Introduction
La particularité de l’approche anthropologique d’un fait culturel est d’expliquer le pourquoi (c’est-à-dire la cause ou la cause des causes) d’une pratique étrange aux yeux de l’observateur ou d’une norme sociale. Penser autrement, c’est ramer à contre-courant de la voie balisée par ses fondateurs ainsi que de la pléiade de tous ceux et toutes celles qui ont répondu à leur vocation des médiateurs culturels [1]. Essentiellement académique, cette discipline jouit d’une grande visibilité dans les pays du Nord, grâce aux loyaux services qu’elle ne cesse de rendre au rayonnement de leur influence planétaire.
Paradoxalement, dans les pays du Sud, elle est victime d’un discrédit éhonté, qui malheureusement ne découragera nullement les volontés mobilisées depuis plus d’une décennie [2]. A travers des analyses faites à partir des données collectées selon les standards édictés par l’anthropologie moderne (The New Encyclopedia Britannica, Vol. 27, pp. 326-331). Il y a lieu de reconnaître que les conclusions contribuent énormément à l’amélioration des conditions de vie de la population.
A terme, ne pas questionner le quotidien du congolais, alors que c’est possible d’éclairer les zones d’ombres qui y ont élu domicile, avec tout ce qu’il a de paradoxe, participe de la logique de complicité. Mieux, c’est contribuer à l’entretien de l’équation à plusieurs inconnues. Une équation à laquelle les réponses qui lui sont apportées flétrissent à l’épreuve du temps, s’étiolent et tapissent le retour à la case de départ : un éternel quotidien bien fragile et fragilisant.
Fidèle aux canons de la discipline anthropologique, cette réflexion puise des matériaux collectés dans le vécu de la population congolaise à travers divers véhicules culturels que sont les chansons et les théâtres populaires et les dictons et actuellement en vogue dans ce grand pays au cœur de l’Afrique. La RDC a toujours fait râler les esprits éclairés, dont celui qui percevait l’Afrique sous la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo (Franz Fanon, in JD. MOBUTU, 1973). Nous entendons attirer l’attention et la conscience de tous sur un sujet apparemment banal, mais lancinant car les thérapies qu’on prétend lui administrer ne rapportent pas des résultats escomptés. Et les énergies sur lesquelles le pays devait compter sont en train d’arpenter le chemin périlleux de l’exil en acceptant l’indicible. Que faisons-nous fait de cette réalité qui nous défie ?
C’est pour répondre à cette préoccupation que nous mobilisons trois principaux points ci-après. Le premier clarifie les concepts de base. Le deuxième essaye d’exhumer le fondement de cette situation atypique devenue ainsi une gangrène à force de la contempler. C’est cette réalité sociale de référence, extérieure à notre conscience et à notre expérience individuelle.
Le troisième et dernier point, prenant la mesure du point qui le précède, propose quelques voies de sortie. C’est de la sorte, selon nous, que pensons épouser l’esprit de cette deuxième publication de la revue Carrefour en produisant une connaissance véridique empiriquement fondée et soumise à certaines conditions de vigilance (J.P. De SARDAN, 2008, p. 14).