Référence bibliographique:
NEKA MBANGAZI, V. & LUNDUKU KASANDA, B. (2024). Masculinité positive et construction identitaire : malaise dans la tradition. Le Carrefour Congolais, (8), 53-86.
Résumé
La masculinité est un concept qui va de soi dans la compréhension des valeurs liées à la condition masculine. Elle bouscule les mentalités en vue de créer de nouvelles orientations dans le vécu des communautés, ce qui, du reste, suscite actuellement beaucoup de passion. Hier, les scientifiques avaient pour préoccupation l’analyse de la condition de la femme pour l’harmonisation des vues sur la perception des relations entre homme et femme. Aujourd’hui, l’attention est focalisée sur la situation relationnelle de l’homme vis-à-vis de la femme, situation autrefois décriée par les tenants de l’approche Genre.
Bien que fustigeant les conditions de la femme, jugées dégradantes, la masculinité positive reste cette nouvelle approche qui prône la coresponsabilité et l’engagement mutuel de l’homme à l’égard de la femme. Cependant, au regard des enjeux économiques et socioculturels, l’appropriation par l’homme des avantages qui jadis furent l’apanage féminin. Il sied de se demander où se trouverait la ligne de démarcation entre le genre (unité masculine et féminine pour un partenariat souhaitable) et la masculinité positive qui repose sur le partage des charges pour une vision concertée en vue de la participation inclusive définissant le statut et l’identité de l’homme et de la femme.
Malheureusement, le contexte du développement de ces concepts ne correspond toujours pas au vécu de nos communautés qui s’enracinent dans la tradition comme source des valeurs patrimoniales. Aussi, si ces systèmes pensés et vécus positivement ailleurs se révèlent non conformes quant à nos pratiques sociétales, le discours scientifique figé sur les aspects épistémologiques n’apportera de solution que dans l’appréciation qui tient compte des exigences contextuelles (culturelles). Car, bien qu’inscrits dans le rêve égalitaire, la masculinité positive telle que vantée aujourd’hui met à mal le vécu de nos traditions par le fait que si l’appropriation précède nos réflexions, il y aura risque de démanteler la masculinité traditionnelle. À cet effet, il faudra puiser dans notre patrimoine culturel les savoirs endogènes (en harmonie avec les savoirs contemporains/exogènes), sources de notre identité.
Dans cette perspective, l’adoption des nouvelles pratiques ne serait-elle pas un rejet des valeurs masculines en vue de l’idéalisation des valeurs féminines ? En effet, il est opportun de s’interroger sur l’identité masculine au regard des dimensions créatrices des mœurs par le fait que la tradition a prévu des structures pour la formation des jeunes filles et garçons à la vie d’adulte.
En effet, le genre, associé au rôle sexué (Mead, 1949), a déjà défini l’identité du genre en rapport avec le statut de l’homme et de la femme. Aussi, en ce qui nous concerne, la masculinité positive peut être appréhendée dans nos structures rénovées, notamment à travers les rites d’initiation.