Référence bibliographique:
KILAU Augustine, «Les noms des forêts et leurs significations à Mayoko Kwil», Le Carrefour Congolais, 1, 2019, p.147-177
Introduction
Dans son mémoire de DEA, Augustine Kilau fait la classification des arbres et des forêts ainsi que le sens qu’en donnent les populations locales : nous sommes parti d’un constat : un mouvement de va-et-vient au village Mayoko- Kwilu, lorsque les gens se rendent en forêt. Nous avons observé une forte mobilité pendulaire de la population du village : un va- et-vient incessant du village vers la forêt. Cette population se déplace d’un bout du village à l’autre pour se rendre en forêt. Et pourtant, là où elle réside, il y a aussi des forêts dans lesquelles elle peut exercer ses activités.
La forêt revêt une importance particulière en Afrique Centrale. En plus d’être un espace de vie et de ravitaillement (ramassage, cueillette, plante médicinales naturelles, espace agricole...), elle recèle une dimension culturelle et traditionnelle (rites traditionnels) très forte. Ces différentes fonctions offrent aux forêts en Afrique Centrale un statut particulier concernant l’organisation de leur gestion. D’abord, du fait que l’utilité de la forêt est commune ; ensuite, parce que la forêt offre généreusement ses fruits, aucun droit de propriété privée ne s’y exerce vu la démultiplication des acteurs dans ce milieu, avec des pratiques, des logiques et des comportements souvent antagonistes.
En effet, les économies africaines trouvent souvent leurs racines dans des ressources naturelles abondantes tirées d'une pléthore d'écosystèmes qui émaillent le continent. Les forêts font partie intégrante de cette mosaïque. Couvrant quelque 35% de la superficie terrestre de l'Afrique, elles peuvent se flatter d’être les piliers d’un bon nombre d'économies africaines. Pour que leur contribution reste fiable et robuste, les produits et services forestiers devront être soigneusement développés et utilisés intelligemment au fil de la transformation des pays d'Afrique vers l'économie verte.
Pour comprendre les raisons qui poussent la population à se mouvoir d’un bout du village à l’autre pour se rendre en forêt, ou ce que signifiait ce mouvement, nous avons cherché à comprendre ce que la forêt représente pour la population de Mayoko-Kwilu.